mardi 22 janvier 2008

L'affaire du meurtre du jeune DJ relancée

Contre-expertise
UN VÉRITABLE coup de théâtre. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris a ordonné hier la réouverture de l'affaire du meurtre de Sébastien Selam, un jeune disc jockey de 23 ans, tué et atrocement mutilé en novembre 2003, à Paris, par son voisin Adel Amastaibou. Ce dernier, aujourd'hui âgé de 24 ans, avait bénéficié d'un non-lieu pour irresponsabilité pénale, en 2006, plongeant la famille de la victime dans un total désarroi.
« J'ai tué un Juif ! J'irai au Paradis »
Mais hier à l'issue d'un véritable marathon judiciaire, mené depuis des mois par M e Axel Metzker, qui défend les intérêts de la famille Selam, les magistrats de la cour d'appel ont ordonné un supplément d'information et la nomination d'un collège d'experts, qui devront juger à nouveau de l'état psychiatrique d'Adel Amastaibou. Une décision bouleversante pour l'avocat et la famille de la victime, qui ont toujours soutenu la thèse du crime antisémite, d'ailleurs revendiqué par le meurtrier présumé lui-même.
Dans la nuit du 19 au 20 novembre 2003, Sébastien Selam, jeune disc jockey en pleine ascension, qui mixait dans les plus grandes discothèques de la capitale sous le nom de DJ Lam C, est fauché en pleine gloire. Dans les sous-sols de son immeuble de la rue Louis-Blanc, dans le X e arrondissement, il tombe sur Adel Amastaibou et, pour des raisons que devra déterminer l'instruction, confiée à la juge Isabelle Minguet, Sébastien Selam est violemment pris à partie par cet homme qu'il connaît pourtant depuis des années. Tué à coups de couteau, égorgé, défiguré, le jeune DJ s'effondre tandis que son agresseur déclare à qui veut l'entendre : « J'ai tué un Juif ! J'irai au Paradis. » Vengeance d'un homme à qui la gloire de Sébastien Selam était insupportable ? Les proches de la victime en sont persuadés, tout comme ils soutiennent que l'antisémitisme d'Amaistabou était connu et même clamé. « N'a-t-il pas été jugé, quelque temps avant le crime, pour avoir menacé de mort un rabbin ? s'emporte M e Metzker. Cette fois, il devra s'expliquer sur cela mais également sur d'éventuelles complicités. Car nous sommes persuadés qu'Adel Amastaibou n'était pas seul ce soir-là : Sébastien Selam est tombé dans un véritable guet-apens. Un piège tendu par plusieurs personnes. » « Aujourd'hui, conclut l'avocat, nous sommes revenus au 20 novembre 2003. L'affaire Selam est enfin devant la justice et la famille aura droit à un procès aux assises. »
Le meurtrier présumé, quant à lui, a fait l'objet d'un internement d'office à Villejuif, mais semble régulièrement bénéficier de permissions de sortie qui l'amènent dans le X e arrondissement...

Cécile Beaulieu